Ce cher Giscard

Publié le par Robert Willard

Une question nous est venue durant nos vacances, cher lecteur.

 

Elle nous est venue lorsque, paisiblement vautré sur la plage déserte, nous avons soudain vu un couple troisièmement âgé surgir dans notre champ visuel. Equipés comme pour une marche en haute montagne, avec bonnets, doudounes, lunettes de soleil enveloppantes, gants, godasses et sac à dos, ils filaient le long de la mer d'un pas élastique, merveilleusement synchronisés, s'aidant de bâtons de marche - un dans chaque main - à la manière des skieurs de fond.

 

Ils étaient parfaitement ridicules. Nous avons éclaté de rire, constatant une fois de plus que la réalité parvient toujours à dépasser les fictions les plus imaginatives.

 

Et nous avons songé à Giscard. Pourquoi diable ? Nous n'en savons trop rien. Peut-être le vieillard trottant avait-il un air de famille avec Valéry ? Difficile à dire ; il était loin, et un peu à contre-jour, nous ne distinguions rien de ses traits - mais notre inconscient à fait le lien.

 

Giscard, donc. Puisque nous l'avions en tête, nous en avons profité pour faire un rapide bilan de son passage au sommet de l' Etat, tandis que s'estompaient, au loin, les silhouettes des deux kroums, grotesques toujours, bien que rapetissant.

 

Giscard...

 

Premier coup de maître sous la présidence de Pompidou, dont il est ministre des finances : en 1973 il pond la loi Pompidou- Giscard qui interdit à l' Etat de créer de la monnaie pour subvenir à ses besoins de financement (via la Banque de France), et l'oblige à emprunter auprès d'acteurs privés (banques) : c'est la PRIVATISATION DE LA MONNAIE.

 

Grosso modo, avant Giscard, si l' Etat avait besoin de pognon, il sifflait la Banque de France qui imprimait les ramettes de billets nécessaires. Après Giscard, quand l' Etat a besoin de pognon, il l'emprunte aux banques privées - qui impriment (toujours) les billets demandés moyennant, cette fois, INTERÊTS. On croit rêver, mais c'est ainsi que ça marche.  Le fait que Pompidou ait été, sous de Gaulle, président de la banque Rotschild, éclaire d'une lumière pour le moins cloaqueuse cet invraisemblable abandon de souveraineté d'un Etat à l'entier bénéfice d'intérêts financiers privés (et souvent étrangers).

 

Second coup de maître, en tant que président fraîchement élu cette fois, en 1974 : l'institution du regroupement familial. Nous ne savons trop ce qui a motivé cette décision. Soucis humanitaire ? Calcul visant à compenser l'arrêt, par ailleur, de l'immigration ? Nous restons un brin pantois. Nous ne pouvons que constater le résultat de ce dispositif, qui vaut à notre équipe nationale de football de manger halal, au personnel hospitalier d'être régulièrement emmerdé pour ce que vous savez, aux pompiers d'être caillassés, etc., bref, vous connaissez le tableau comme nous. Notons que nous restons dans le registre de la perte de souveraineté, non plus monétaire, mais culturel.

 

Le troisième des Travaux de Giscard qui nous soit venu à l'esprit est sa contribution à l'avènement de l'Union Européenne et son point d'orgue, la Monnaie Unique. Ces catastrophes survenues, Giscard ne s'est pas reposé sur ses lauriers puisqu'il peut s'ennorgueillir d'être l'un des principaux rédacteurs de la Constitution Européenne de si fameuse mémoire. Nous touchons là au chef-d'oeuvre en matière de perte de souveraineté.

 

D'autres exploits du même genre sont peut-être à mettre au crédit de Valéry, avant, pendant et après sa période présidentielle. Nous ne prétendons pas à une connaissance exhaustive de ses réalisations. Mais nous n'en avions pas besoin pour nous poser la question que nous mentionnions au début de cette chronique :

 

 

Quel autre homme politique français peut se targuer d'un tel bilan en terme de destruction de souveraineté de l' Etat ?

 

Bob Willard

03/11/2010

 

(Sur la question de la monnaie, voir absolument :  


La dette publique, une affaire rentable)

 

 

Publié dans société

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