Du Sha d'Iran à Moubarak : même motif, même punition ?

Publié le par Robert Willard

Nous étions jusqu'à présent perplexe devant le soutien si pressant des Américaiégyptens aux opposants de Moubarak. Quelle intérêt pouvaient-ils avoir à favoriser cette aventure égyptienne, compte tenu des risques de sa récupération par les islamistes radicaux ?

 

Notre idée est que les Américain font un pari.

 

Ils font le pari que la révolution égyptienne va pouvoir être orientée vers un régime démocratique - les Frères Musulmans restant sur la touche. Plus exactement : qu'à tout le moins, l'espoir d'une solution démocratique durera suffisamment longtemps pour que la révolution égyptienne se propage à l' Iran.

 

L'Iran est la vraie préoccupation de l'administration Obama. Ils se foutent comme de leur premier massacre d'Indiens du bien être des Egyptiens. Le vieux Moubarak leur allait très bien. Mais cet idiot n'a pas vu venir la lame de fond en provenance de Tunisie, et il s'est fait niquer par l'armée, comme Ben Ali. Ils étaient trop vieux, tous les deux, ramolis par un trop long règne.

 

Bien sûr les Etats-Unis auraient pu le soutenir, avec Israël ; mais après la foirade tunisienne, ça semblait vraiment compliqué. Ca pouvait tourner au bain de sang si l'armée décidait de tirer : de quoi aurait eu l'air les Américains, associés au massacre ?

 

Quitte à prendre un risque, il y avait beaucoup plus intelligent à faire : coller un gros coup de pied au cul de Moubarak au vu et au sus de l'univers entier ; puis, loin des caméras cette fois, s'atteler à installer une démocratie (évidemment exempte de toute composante anti-américaine) dont l'avénement sera savamment scénarisé et médiatisé, de manière à enflammer, à son tour, la "rue" iranienne.

 

Ils refont le coup du Sha d'Iran de 1978, qu'ils avaient fait sauter pour propulser Khomeiny au pouvoir, en vu de créer une vague d'islamisation qui remonterait jusqu'au Caucase, chez les Soviétiques. Cette fois, c'est Moubarak qui dégage, et la vague espérée n'est plus islamique, mais démocratique.

 

C'est un jeu dangereux - et on comprend que les anus israëliens soient un peu crispés en ce moment. La démocratie a tout de la dynamite : bien comprise, elle permet de faire de grandes choses - tout comme elle peut tout faire péter si elle est mal manipulée. Et les peuples du Moyen-Orient, c'est le moins que l'on puisse dire, n'ont pas eu le loisir de développer une expertise très probante dans ce type de manipulation (il est vrai que personne ne les y a jamais aidé, bien au contraire)...

 

Nous souhaitons que les Egyptiens réussissent, avec le minimum d'aide américaine possible. Nous souhaitons aussi que l'Iran les suive dans cette voie. Nous souhaitons un Orient enfin politiquement adulte, économiquement prospère et socialement épanoui ; un Orient apaisé dont la religion ne serait plus une menace pour le monde. Nous rêvons...

 

Suivez l'Iran. C'est là-bas que se joue la vraie partie.

 

Bob Willard

11/02/

 

 

 

 

 

 

Publié dans société

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