Le yuan contre le reste du monde

Publié le par Robert Willard

La Chine en prend plein la poire ces derniers temps. De toutes parts montent les proptestations à l'encontre de son yuan - scandaleusement manipulé à la baisse par les autorités chinoises, soi-disant.

 

Le yuan faible favorise les exportations de l'"empire du milieu" à destination des pays plaignants, et freinent le flux inverse. Double peine pour les victimes : non seulement elles n' exportent pas vers la Chine et son marché pétant de santé, mais de sucroît leurs industries domestiques sont sinistrées par une concurence qu'elle ne peuvent contrer, sur leur propre marché national.

 

Les plans de relances des pays développés ont tous échoué (ils ont coûté plus cher qu'ils n'ont crée de richesse). En Europe, l' Irlande est trois fois plus endettée que la Grèce (32% contre 12% du PIB) au moment de la fameuse "crise grecque". Les Etats-Unis envisagent de  nouvelles mesures d'"assouplissement quantitatif" (comprenez : imprimer des dollars). Au Japon, c'est déjà fait : la BoJ a abaissé son taux directeur à 0%.

 

Comment est-il possible que cette crise ne soit pas encore vaincue ? Toutes ces "mesures", tout cet argent injecté, ces plans de rigueurs impopulaires... Rien n'y fait.

 

Prenez un clodo, installez-le devant la propriété d'un milliardaire. Au bout de peu, il n'en pourra plus de voir vivre sous son nez ces gens heureux et toujours bronzés, allant de coktails en cours de tennis, Porsches rutilantes pilotant.

 

Dans un premier temps il deviendra envieu - puis il en viendra à tenir ses voisins pour responsables de son propre malheur. C'est humain.

 

Ainsi des dirigeants pataugeants dans la crise jusqu'aux genoux, qui regardent la Chine flotter confortablement sur son taux de croissance à deux chiffres :

 

- Voilà pourquoi on ne se sort pas de cette crise ! clâment-ils en choeur. C'est la faute aux Chinois qui bidouillent leur monnaie ! (Nous savons bien qu'il n'en est rien. Mais ces élus ne peuvent évidemment pas dire à leurs électeurs qu'ils sont dans la mouise parcequ'ils sont plus cons que des tranches de brie, et ont cru pouvoir éternellement obtenir des choses en échange de rien)

 

Et le FMI et le Congès US, de concert avec l' Union Européenne, de braquer leur artillerie vers ces foutus bouffeurs de nems :

- Ca suffit maintenant, Chang : lâche ton yuan ou on te fait la peau !

 

Mais Chang n'est pas un demi-sel. Il dégaine ses énormes pétoires :

-Essayez  toujours... Répond-il sans se débrider d'un millimètre.

 

Voilà où nous en sommes du film, cher lecteur. Chang est tout seul mais il pointe du très gros calibre : de quoi faire un carnage parmi la bande du Congrès. Quant à cette dernière, elle n'a aucune envie de prendre des pruneaux - elle se fout bien du yuan, mais il faut bien gesticuler un peu pour les électeurs !

 

La vérité est que le yuan montera le jour où Pekin le voudra bien, c'est-à-dire lorsqu' il aura suffisament développé son marché intérieur pour s'affranchir sans trop de douleur des recettes des exportations. Cela viendra très vite. Les seuls échanges avec l'extérieur seront alors constitués par l'importation de matières premières - ce pour quoi un yuan fort sera une très bonne chose.

 

Conjectures... Nous ne savons rien de demain, toute forfanterie mise à part. Nous croyons néanmoins une chose : c'est que les modèles économiques que nous connaissons n'ont pas été conçus pour appréhender le développement d'un pays comme la Chine, qui est une planète à lui tout seul.

 

(à lire aussi : Pourquoi la Chine n'est pas un bon pari commercial )

 

Bob Willard

08/10/2010

 

 

 

 

 

 

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